Les armoiries du village
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Les maisons du village et leur nom
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"Le village de Bordes et ses voisins avant la Révolution"
par l'abbé M. carrère
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Monographie sur le village par l'instituteur du village en 1880
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Les quartiers du village
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Les maires du village
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Les prêtres du village
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Ces
textes d'informationont été réunis
pour mieux faire connaître le passé de ce village,
à toutes personnes intéressées, du Sud
ouest et d'ailleurs.
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Retranscription du texte de la monographie de 1887:
COMMUNE DE BORDES
Bordes est un coquet village situé à 2 km de Tournay et
à 16 km de TARBES. Au nord, il touche au communes de Sinzos et
de Clarac; Peyraube et Tournay le bornent à l'est; Tournay le
borne encore au sud. Enfin à l'ouest, il a pour limites les
communes d'Oueilloux, de Lhez et de Lespouey.
Le village de Bordes est bâti sur une riante plaine qu'arrosent
le ruisseau de L'Arros et ses affluents. Il compte 173 maisons, toutes
couvertes de tuiles, avec des murailles blanches et des volets verts,
telles que les rêvaient Jean- Jacques Rousseau.
La population est de 7 à 800 habitants. Son sol est riche et
fécond; il paie le laboureur de ses peines et quand vient
l'époque de la moisson, les greniers s'emplissent et regorgent.
Bordes est arrosé par deux cours d'eau ; le ruisseau de Larros
et le ruisseau de l' Arriou Maret. Le ruisseau de Larros est le plus
grand; il coule dans un lit large sur une nappe de sable fin, à
l'ombre des peupliers et des vergnes. Son eau claire et limpide ne se
trouble qu'a la suite de pluies diluviennes. Mais alors, le ruisseau
entre en fureur il monte avec rapidité, roule d'énormes
blocs de pierre., dont les énormes chocs retentissent comme des
coups de canon et se répand sur les propriétés
voisines qu'il ravage.. La crue est subite, mais, heureusement, de peu
de durée.
L'Arriou Maret n'est qu'un mince filet d'eau pendant
l'été. Mais, à la suite de fortes averses, il a
ses moments de tourmente; il devient belliqueux, dangereux, et nos
paysans le craignent. C'est leur Durance à eux.
On voit que Bordes est favorisé au point de vue de l'eau servant
aux arrosages des prairies, il l'est encore sous le rapport de l'eau
employée comme boisson; il possède de nombreuses
sources.Les fontaines du Hassa et du Château sont abondantes, et
leur eau est fraîche légère, et agréable.
L'Altitude de Bordes est de 267m à 389; le climat est
tempéré, ni chaleurs, ni les froids n'y sont excessifs ;
les vents dominants sont les vents de l'ouest; l'air est sain et
salubre.
Le chiffre de la population de Bordes, d'après le recensement de
1886 est de 758 habitants. Ce chiffre tend à diminuer; et ceci
est dû à la soif de luxe qui envahit toutes les classes,
ou peut être plus indulgent, à la recherche du bien
être que chacun, de plus en plus, désire posséder.
Je m'explique. Nous avons à Bordes quelques habitants qui ont
été en Amérique chercher fortune. Ils ont eu du
succès et se trouvent aujourd'hui à l'abri du besoin.
Comme tous les voyageurs qui ont été par delà les
mers, ils aiment à narrer leurs petites aventures et font de
l'Amérique du sud des descriptions séduisantes. Là
à les entendre, les rues pavées de dollars, et les
fleuves roulent des lingots d'or. De tels discours ne sont pas perdus,
et chaque année, quatre, à cinq, six jeunes gens
s'embarquent à Bordeaux pour l'empire des incas.
La commune de Bordes se divise en 4 quartiers; chaque quartier compte 189 habitants. Le nombre total de feux est de 190.
Bordes a 12 conseillers municipaux; elle a encore un garde-
champêtre Qui émarge au budget de la commune un
curé et un percepteur.
Pour les postes, elle est desservie par un facteur de Tournay qui fait
deux levées dans la commune, la 1e vers 8 h du matin, et la
seconde vers 2 h du soir.
La situation budgétaire n'est pas brillante: elle n'a pour tous
revenus que cent francs environ que lui donne une sablière,
située prés de l'Arros, et le produit des coupes
affouagères qu 'elle peut faire dans le bois communal.
La terre de Bordes, est féconde et productive; la blé, le
maïs, la pomme de terre, le seigle, l'avoine, ect, y viennent
bien. La vigne, jusqu'en ces derniers temps, était vigoureuse,
et fournissait un vin d'excellente qualité, mais depuis 2 ans,
elle souffre et s'étiole; ses rameaux meurent ; après la
floraison, les hampes se sèchent, les raisins ne mûrissent
pas; et alors l'aspect des vignes toute jaunes arrache des soupirs de
tristesse à nos vignerons. Ils combattent pourtant, nos braves;
et l'année dernière, ils se sont collectés
désespérément avec le mildiou. Ils ont
traité leurs ceps avec du sulfate de cuivre, le remède a
été trouvé bon; il a produit d'excellents
résultats; aussi cette année, se promet-on de redoubler
d'ardeur et de ne pas être avare du sel bienfaisant.
Si la vigne ne se montre guère prodigue de ses dons, en
revanche, les arbres fruitiers sont d'une
générosité sans égale; poiriers, pruniers,
pommiers, cerisiers, pêchers se chargent de fruits, et chaque
matin, nos ménagères vont à Tarbes portant des
paniers de poires,de prunes, de pommes de pêches etc. C'est alors
le bon temps; la femme a toujours sa bourse bien garnie, et par elle,
un peu de luxe entre dans le ménage.
La commune de Bordes possède une forêt d'une
étendue d'environ 76 hectares 35 ares. Les arbres de cette
forêt sont tous d'essence chêne.
Nous n'avons pas ici de troupeaux importants le cultivateur n'a
guère dans son étable qu'une paire de bœufs pour
travailler la terre et une vache qui lui donne du lait., sa femme a une
basse-cour bien garnie de nombreuses poules y chantent du matin au
soir, des bandes de canards et d'oies s'y ébattent et vous
entendez constamment les glouglous des dindons criards.
Nous n'avons pas non plus de mines ni de carrières, à si nous comptons une scierie et un moulin.
Mais, et nous en sommes fiers, il nous est facile, si les choses d'art
nous manquent, de nous procurer les choses naturelles. Les
lièvres, les perdrix, peuplent nos champs; et la truite, le
goujon, l'anguille viennent à foison dans l'Arros et l'Arriou
Maret.
malheureusement nous ne sommes pas les seuls à avoir
connaissance de nos richesses, car les nemrods des environs viennent
avec des meutes affamées, donner la chasse aux hôtes de
nos guérets, et il n'est pas rare de voir le dimanche, quelques
pêcheurs Tarbais venir s'installer sur le bord de nos ruisseaux,
la ligne à la main. Souvent, cette ligne n'est que le pavillon
d'une autre marchandise inavouable et barbare, je veux parler du
chlorure de chaux et de la dynamite.
Ces deux substances meurtrières avaient été
longtemps ignorées des habitants de Bordes. Elles ne leur sont
connues que depuis quelque 25 ans. A cette époque, elles leur
furent montrées par les ouvriers qui travaillaient à la
construction de la voie ferrée, ce qui prouve que nul bien n'est
sans mal ; car, si le village de Bordes a sa station de chemin de fer,
ce qui lui facilite les communications avec Tournay et Tarbes, en
revanche, ses ruisseaux ne sont plus aussi poissonneux qu'ils
l'étaient autrefois.
Bordes a des épiciers, des marchands de jambons et des marchands
de drap. Ces derniers ne se contentent guère de la vente qu'ils
peuvent faire dans la localité même, munis de grande
voitures, ils portent les marchandises, les jours de marché,
à Bagnères, à Lannemezan, à Tarbes et
à Tournay. Et c'est là tout notre commerce local.
Selon toute probalité, le village de Bordes n'a
été primitivement qu'un groupe de granges, en patois
appelées <Bordos> ; et c'est de là que notre
commune paraît tirer son nom.
Bordes n'a ni histoire, ni traditions, ni légende. Elle ne
compte aucun personnage célèbre; sa langue, c'est un
patois qu'on ne saurait classer.
Les habitants de Bordes ont des moeurs simple, mais que l'influence des
villes voisines tend à modifier. Jadis, le paysan ne connaissait
que ses champs et ses vignes; il portait le béret et la veste
grossière, des sabots pendant la semaine et des brodequins
ferrés le dimanche. Sa nourriture se composait de pain, de
pâtes, de choux et de pommes de terre, le tout arrosé de
bon coups de vin blanc. Aujourd'hui, il singe le bourgeois; il voyage
à pied, en voiture, et souvent prend une carte de chemin de fer,
son paletot est cousu en ville; sa chemise passe par les morsûres
du fer de la repasseuse; il porte chapeau et enfouit ses pieds et ses
jambes dans des bottes à longues tiges et à haut talons.
Il dédaigne la traditionnelle écuelle de pâte, il
fait la moue quand il n'a pour tout potage qu'une assiettée de
soupe aux choux. Il fume, il va au café, il joue aux cartes; il
trouve la bière bonne, les apéritifs délicieux et
le billard de son goût. Résultat final: sa bourse se vide,
sa maison tombe, et ses champs passent entre les mains de
propriétaires plus avisés.
Les femmes suivent l'évolution des hommes; elles prennent
goût aux toilettes des villes; elles ne portent plus que des
bottines; elles n'osent pas encore exhiber le bonnet, la capote et le
chapeau, mais au train dont elles vont, la chose ne peut qu'arriver
à courte échéance, et nous aurons le spectacle de
bergères enrubannées comme les bergères des bords
du Tage de Florian.
Mais nos ménagères rachètent ce petit
défaut de coquetterie, qui est si éminemment
français, par de solides qualités. Elles sont, sobres,
dures à la peine, et partagent avec leurs maris les travaux des
champs. Le seul reproche que je leur adresserai, c'est d'avoir un
faible pour les racontars et un certain penchant à se confesser
des péchés des autres.
Le peuple de Bordes est policé. Nous avions un brin de
bourgeoisie qui nous enseigne le bon ton et les bonnes manières.
On est assez au courant des usages du monde bien élevé.
Les hommes préfèrent à l'auberge, où l'on
s'enivre, le café, où l'on cause, et où l'on aura
l'honneur de voir Me un tel.Les jeunes gens aiment la nouveauté,
ils sont à l'affût des danses récentes, des
exercices chorégraphiques à l'ordre du jour, des romances
sentant encore l'encre du compositeur. Ces romances, ils ne les
débitent pas en plein air, mais dedans, dans une chambre bien
close et devant une table surchargée de bocks, au milieu d'un
nuage de fumée de pipes. Ils chantent horriblement mal, si vous
voulez, avec un sentimentalisme bête, des larmes dans la voix et
des trémoussements dans le gosier, mais enfin, ils ne braillent
plus sur les rues, comme autrefois, ils ne chantent plus de ses
insipides chansons aveugles, de ses complaintes d'assassinat, et s'ils
ne montrent pas encore un goût des plus sûrs, s'ils ne sont
pas imprégnés du plus pur atticisme, du moins ils
témoignent qu'ils ont la volonté et le désir de
bien faire.
Et en peu de temps, si rien d'anormal ne survient, j'ose affirmer que
le village de Bordes sera aussi civilisé que n'importe quel
village de France.
Il ne sera pas, si vous voulez, le dernier refuge de la foi. Nos
paysans deviennent sceptiques ; les choses de la religion, qu'ils
pratiquent pourtant par une habitude invétérée,
les laissent froids et amènent sur leurs lèvres un
sourire railleur que n'eût pas désavoué Voltaire.
Les femmes marchent, sur le terrain religieux, de conserve avec les
hommes; elles rient des dévotes et les méprisent ; elles
ont bien encore des croyances, elles pratiquent même ; mais elles
croient parce que faire autrement leur coûterait un effort
intellectuel, et elles pratiquent parce que c'est la mode. La foi se
perd.
La commune de Bordes possède une salle d'école spacieuse,
suffisamment aérée, et jouissant de l'exposition du midi.
Il ne manquerait guère qu'un préau couvert avec des
appareils de gymnastique pour que les élèves eussent une
installation très convenable.
L'école est fréquentée avec assiduité
à Bordes. Aussi presque tous les habitants savent- ils lire et
écrire, nous ne comptons pas de conscrits illettrés et
les registres de l'état civil sont vierges de la formule
consacrée, l'époux et l'épouse ayant
déclaré ne savoir.
Nous avons une bibliothèque scolaire fondée en 1865 et
qui compte 80 volumes. Le nombre de prêts s'élève
à 20 par an.
Le traitement de l'instituteur titulaire est de 1300 fr. et celui de l'instituteur adjoint est de 700 fr.
Que la municipalité de Bordes votât 1000 fr. pour doter la
commune d'un préau, et nous nous déclarerions satisfaits,
et les élèves avec nous.
L'INSTITUTEUR PUBLIC DE BORDES.
Monsieur DUCASSE.
(1887)
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